La récupération et le sauvetage au combat (RESCO en français) est de nos jours une compétence primordiale pour toute force aérienne engagée dans des conflits, que ce soit de moyenne ou haute intensité. Cette mission fut intensivement pratiquée par les Américains au Vietnam, elle fut également une des premières attributions des unités d’hélicoptères en Algérie, et même en Indochine.
De nos jours, en France, le Combat Search and Rescue est une des missions phares de l’escadron d’hélicoptères 1/67 Pyrénées, basé sur la base aérienne 120 de Cazaux. La présence de détachements de l’EH 1/67 lors des opérations extérieures est garante de la sécurité des équipages d’avions ou d’hélicoptères engagés au combat. Un équipage standard de Caracal comprend un commandant de bord, un pilote, deux mécaniciens navigants (aide à l’atterrissage, treuillistes, servants des mitrailleuses, …) et un sauveteur-plongeur de niveau 2 (formé aux gestes médicaux).
Le C-SAR est au coeur de l’exercice de haute intensité VOLFA 2025, avec deux Caracal du Pyrénées engagés lors des missions quotidiennes, de jour comme de nuit. Le H225M Caracal est en effet l’hélicoptère idéal pour la mission C-SAR, avec son autonomie de près de 1000 km (sans ravitaillement), sa vitesse de croisière élevée (supérieure à 250 km/h) et sa capacité d’emport importante permettant de monter les équipements spécifiques aux missions C-SAR, comme les mitrailleuses MAG.58 de sabord.
Les commandos parachutistes de l’Air (le CPA 30 d’Orléans est spécialisé dans la mission C-SAR) forment le Groupe de Récupération de Sauvetage, unité de combat obligatoirement embarquée. Le GRS compte habituellement environ 10 commandos. A noter que le CPA 30 fait partie (comme les CPA 10 et le 20) de la Brigade des Forces Spéciales Air (BFSA), qui comprend les unités volantes ET 3/61 Poitou d’Orléans, et bien sûr l’EH 1/67 de Cazaux.
L’escadron d’hélicoptères 1/67, hétitier de l’EH 1/68 Pyrénées de Pau, fut créé sur la base aérienne 120 en 1975 à partir du ‘noyau’ formé par le détachement permanent DPH 3/68, et très vite équipé de SA-330 Puma pour remplacer les Sikorsky H-34 vétérans de la guerre d’Algérie. Le SAR, terre comme mer, fit immédiatement partie des attributions principales du Pyrénées, les Puma de Cazaux étant à pied d’œuvre pour toutes les interventions au large de la vaste côte landaise.
Avec l’arrivée progressive du Caracal en 2006, l’EH 1/67 s’orienta vers les missions d’intervention armée, un spectre opérationnel qui aboutit au rattachement de l’escadron aux forces spéciales Air, en 2014. Et finalement à son intégration logique au sein de la BFSA, en septembre 2020.
De nos jours, outre les missions RESCO, le Pyrénées est l’unité de spécialisation des équipages sur H225M ; il effectue aussi d’autres missions attribuées aux forces spéciales. L’EH 1/67 est donc actuellement un très gros escadron confie le commandant Waren, qui tourne avec 11 Caracal. D’autres machines arrivent progressivement de Pau, où le 4e régiment d’hélicoptères des forces spéciales (Terre) reçoit les nouveaux TTH90 Caïman FS. L’escadron emploie deux H225M durant VOLFA, et ravitaille de jour comme de nuit sur un KC-130J de l »escadron franco-allemand ; le ravitaillement sur A400M est également pratiqué de manière habituelle.
La mission formation du Pyrénées prend d’autant plus d’importance que les nouveaux Caracal OLA ont commencé à remplacer les Puma au sein des escadrons de transport outremer : l’escadron mobilise ainsi son personnel pour l’instruction des équipages et des maintenanciers affectés à ces unités. La charge de travail et les effectifs croissants de l’EH 67 ont motivé la décision de créer un nouvel escadron, EH2, sur la base aérienne de Cazaux.
Ce nouvel escadron commencera à être constitué à partir de 2027, pour être opérationnel en 2032, indique le colonel Fabian Kuhlmann, commandant la BA 120. Il reprendra les missions conventionnelles du Pyrénées, y compris la mission SAR classique et la spécialisation Caracal au profit de toutes les unités concernées de l’Armée de l’Air et de l’Espace. L’EH 1/67 sera donc à terme uniquement focalisé sur les missions des forces spéciales.
Pour le commandant Maurice, pilote de Caracal de retour d’une mission, des exercices comme VOLFA permettent de perfectionner les tactiques en évoluant au sein d’un gros dispositif dans des conditions les plus réalistes ; car les techniques d’intervention sont toutes mises en œuvre au cours d’entraînement et d’exercices plus simples. Pour cette édition de VOLFA, le Pyrénées utilise la liaison 16 de manière à avoir la même vision tactique en temps réel que les autres unités impliquées.
Selon les officiers navigants de l’EH 1/67, le déroulement des conflits actuels, de haute intensité, livre des enseignements qui sont déjà pris en compte dans l’entraînement et dans la pratique des missions. Sans entrer dans des détails sensibles, il s’agit d’intégrer plus de ‘rusticité’ pour s’adapter à l’intensité des brouillages éventuels (GPS, radio), ainsi que d’adapter les profils de vol pour être moins vulnérable. L’escadron dispose d’un ‘bureau innovation’, comme c’est le cas pour le 3/61 Poitou ; une spécificité des unités des forces spéciales.
C-SAR ou RESCO, peu importe, la présence d’une unité spécialisée comme l’EH 1/67 Pyrénées est indispensable aujourd’hui dans un grand pays pour que l’action de ses forces aériennes puisse s’exercer avec efficacité. Basse, moyenne ou haute intensité, pendant l’exercice VOLFA ou ‘pour de vrai’, si un équipage est au sol, on va le récupérer !
Alexandre et Escadrilles.org
Remerciements : Au SIRPA-Air pour mon accréditation, et à la cellule Communication de la base aérienne 120, Lieutenant Elisa, pour son accueil lors ce temps média du 08 octobre à Cazaux.