C’est une petite commande, six avions pour une intention d’achat portant sur 42, mais elle compte beaucoup : premièrement car l’Indonésie ne faisait pas partie des utilisateurs d’avions Dassault, deuxièmement parce que les USA avait probablement fait des bassesses pour vendre un de leurs poulains, troisièmement car l’Asie est une région plus que majeure sur l’échiquier mondial, et quatrièmement parce que la flotte de l’armée de l’air indonésienne, TNI-AU (Tentara Nasional Indonesia – Angkatan Udara), comptait un bon nombre de chasseurs russes. Or on sait qu’avec les sanctions qui touchent la Russie, l’achat et même l’entretien des MiG et des Sukhoï deviennent de plus en plus compliqués. Ce contrat pourrait donc faire des émules.
Dans un monde où le recours à la force armée pour solder des différends territoriaux est devenu chose courante, il y aura deux pays : ceux qui auront dans les mains un outil aérien performant en ordre de marche, et les autres. En effet, deux escadrons de chasseurs multiroles équipés d’armes de précision et menés par des équipages bien entraînés peuvent dissuader bien des agresseurs potentiels, et causer beaucoup de problèmes à un envahisseur.
Quels sont les pays qui peuvent proposer un pareil atout, assorti de garanties quant à la maintenance de l’outil aérien sur le long terme, et à la mise à jour de la flotte au fur et à mesure qu’apparaissent de nouveaux armements ? Quels sont les pays dont la décision ne dépend pas d’un consortium international au sein duquel existent des jeux politiques nationaux non maîtrisables ? Est-ce que les USA n’exercent pas une pression douloureuse dès que des mises à jour ou rétrofits sont nécessaires pour maintenir un avion de chasse au niveau … voir les exemples récents de la Turquie et du Pakistan ?
Au milieu du capharnaum mondial, l’équipe Rafale jouit d’avantages décisifs lorsqu’une compétition est ouverte sans qu’un chantage géostratégique ou économique puisse en fausser les cartes. De plus, l’avion est vraiment multirole, et une bonne partie de sa panoplie d’armements (mais pas toute) est également ITAR-free, ainsi que dégagée des turpitudes des coopérations internationales. Mais il est vrai qu’il y a des lacunes dans cette panoplie, comme l’absence d’un missile antiradar dédié (Faut-il toujours attendre une commande de l’Etat pour qu’un industriel développe un nouveau missile ?).
La mise en production du standard F4 et les études lancées pour le ‘Super Rafale’ (appellation non contrôlée : le standard F5, puis F6), ainsi que la commande certaine de l’Armée de l’Air offrent une garantie de longévité pour la maintenance future des appareils acquis aujourd’hui. Donc oui, ces années 2020 voient une multiplication des commandes de Rafale à l’export. Restent à régler deux problèmes franco-français : réserver dès maintenant des livraisons à notre AAE qui est en souffrance côté Rafale (ce qui implique que l’Etat passe réellement commande pour s’insérer dans l’agenda de production), et dimensionner l’ensemble de l’outil industriel pour que les Rafale soient fabriqués au rythme voulu … pendant que la brise souffle dans le bon sens !
Alexandre et escadrilles.org