Engageant des moyens depuis 12 bases aériennes, l’édition 2025 de VOLFA ambitionne un réalisme maximal grâce à la multiplicité des aéronefs et missions et à l’ensemble des menaces simulées. Basé sur un scénario géopolitique plausible, l’exercice a nécessité une planification s’étendant sur une année. Les moyens technologiques les plus récents sont mis en oeuvre par l’Armée de l’Air et de l’Espace, l’Armée de Terre (exercice associé AEGIS) et la Marine nationale (exercice associé Wildfire axé sur la lutte anti-drones).

La composante chasse est comme toujours majeure dans VOLFA et opère principalement à partir de la base aérienne de Mont-de-Marsan, dont les caractéristiques et l’environnement opérationnel sont optimaux. Occupant une place centrale dans la conduite en temps réel des 20 raids de l’exercice, le Centre Expert du Combat Collaboratif (CECC) établi sur la BA 118 contribue au réalisme de VOLFA en permettant suivant en temps réel chaque mission et en permettant l’inclusion d’éléments tactiques nouveaux, aéronefs et menaces simulées.

Depuis la base aérienne 118 sont engagés chaque jour 20 avions de chasse de l’AAE, ainsi que sept chasseurs bombardiers de forces aériennes participantes : quatre F-16C/D du 337e Mira de la force aérienne grecque (base Larissa), et trois Tornado du 6e Stormo de l’Aeronautica Militare (basés à Ghedi).

Depuis la base aérienne 123, principalement, sont engagés huit avions de transport de 4 types différents : trois A400M (France, Grande-Bretagne), trois (K)C-130J (France, Canada), un C-130H et un CN-235 (AAE). D’autres aéronefs opèrent depuis leur base d’attache respective : 2 Alphajet et 2 Caracal (BA 120), 1 MRTT (BA 125) et 1 E-3F (BA 702), 1 Reaper, 2 PC-21 et 1 Vador (BA 709), et enfin 3 Cirrus de la BA 701 de Salon-de-Provence. Enfin, l’Aéronavale contribue à VOLFA en engageant 2 à 4 Rafale et 1 Hawkeye, depuis Landivisiau et Lann-Bihoué.

A ces 50 aéronefs de tous types viennent s’ajouter, c’est une nouveauté, des avions légers des escadrilles territoriales de réserve (ESTER) opérant depuis les aérodromes de Mérignac, Avord, Orange-Caritat et Istres. Ces avions sont employés pour simuler des menaces de type ‘drone Shahed’, auxquelles l’aviation de chasse sur Rafale peut avoir un jour à se confronter.

Les moyens aériens de l’exercice sont engagés dans des espaces aériens dédiés, au dessus des mers (zone Krypton dans le golfe de Gascogne, zone D540 en Méditerranée) et au dessus du Massif Central. L’obtention de zones réservées suffisamment vastes est en effet une des contraintes importantes de VOLFA, et résulte d’une discussion avec les autorités de l’aviation civile, précise le directeur de l’exercice, le colonel Jean-Christophe.

VOLFA 2025 comprend une vingtaine de raids se déroulant sur 2 semaines et demie, dans un environnement de brouillage très dense, aussi bien en ce qui concerne les menaces sol-air (emploi comme en 2024 de systèmes dédiés Arpège), que les communications ou le guidage GPS (systèmes Neptune employés par l’infanterie).

Depuis la salle ‘Jeanette’ du CECC, une trentaine d’opérateurs spécialistes assure la surveillance des combats, la validation des tirs et procèdent à l’introduction d’éléments imprévus (aériens, sol-air) dans la mission, avec même la possibilité de télé-piloter des aéronefs simulés. Une liaison tactique permet à la fois de collecter l’ensemble des événements de l’exercice et de transmettre à tous les aéronefs équipés une vision synoptique du déroulement des missions.
Si les Rafale des trois escadres présentes (outre les appareils de la 30, ceux des 4e et 5e escadre) effectuent des missions sur la totalité du spectre, les 2000D de la 3e escadre restent eux spécialisés dans l’attaque (et le renseignement électromagnétique). Le détachement de la Trois comprend des équipages des trois escadrons et décolle chaque jour avec au moins 4 des 6 appareils détachés.

La Lieutenant Lola, chef du détachement technique, précise qu’une soixantaine de techniciens des quatre spécialités suffisent à assurer la disponibilité des Mirage pendant la durée de l’exercice. Sur la BA 133 plus de 500 maintenanciers s’occupent de la flotte de 2000, répartis entre chacun des trois escadrons et l’ESTA 15/003 Malzéville.

Pour les Tornado de Ghedi, le Major Antonio, chef du détachement italien, indique qu’une cinquantaine de techniciens dévoués permet de maintenir l’activité opérationelle des trois avions (dont un spare, puisque les missions impliquent à chaque fois une patrouille simple). Le vieux chasseur-bombardier est déjà devenu légendaire au sein de l’AMI. A l’heure actuelle, Tornado ECS et IDS sont regroupés dans un seul Gruppo, le 155e, puisque les deux autres gruppi du 6e Stormo sont maintenant équipés de F-35A.

Le major Antonio, pilote depuis 20 ans, précise que chaque mission de VOLFA lui permet d’apprendre quelque chose de nouveau, c’est un avantage du mélange de compétences permis par cet exercice international de haute intensité.

Il est prévu que les Tornado italiens soient retirés du service à l’horizon 2027. En attendant, la ‘mid-life update’ des appareils de l’AMI leur permet de s’intégrer parfaitement dans les dispositifs des exercices de l’OTAN, et de continuer d’effectuer leur mission prioritaire, le ‘strike’.
Une des nouveautés de VOLFA 2025, outre l’interception de drones simulés et l’interception à très haute altitude, est le ravitaillement en vol en basse altitude de jour comme de nuit, le ravitailleur étant un A400M. Pour le capitaine Florian, cette opération ne présente pas de difficulté particulière par rapport au ravitaillement sur un Phénix … simplement, ‘on voit le paysage de plus près’, précise-t-il dans un trait d’humour. Les pilotes de Jaguar ou de F-1 qui ont pratiqué le ravito sur Transall apprécieront sans doute le progrès.

Cet exemple montre bien comment l’Armée de l’Air capitalise sur ses acquis historiques pour faire face à une nouvelle contrainte opérationnelle, celle de ravitailler des chasseurs-bombardiers en vol en étant moins détectable par les radars adverses. Cette capacité de l’A400M qui pouvait paraître secondaire il y a une dizaine d’années devient un atout essentiel dans un conflit de haute intensité d’aujourd’hui.

La lutte contre les drones représente un nouveau défi pour la détection et l’interception, indique le lieutenant-colonel Samuel, commandant la 30e escadre de chasse, en raison de leur vitesse faible. Contre ces engins, l’usage du canon (NDA : le Rafale est équipé d’un canon de 30 mm, 30M791, de 3500m de portée efficace, avec 125 obus ; une rafale de 0,5 sec délivre donc 22 obus) redevient un mode privilégié ; leur destruction demande évidemment un entraînement spécifique pour les pilotes.

Plus qu’un exercice ‘habituel’, VOLFA 2025 est également un indispensable champ d’expérimentation en vraie grandeur pour les nouveaux modes d’action de l’Armée de l’Air et de l’Espace, les événements en cours témoignant d’une évolution très rapide des tactiques et moyens dans un conflit de haute intensité. Les moyens réunis sur la base aérienne 118 et la variété des compétences de l’AAE permettent des entraînements complexes et réalistes indispensables pour ‘faire face’ à toute situation future.
Alexandre et escadrilles.org
Remerciements : Au SIRPA-Air pour mon accréditation, et à la cellule Communication de la base aérienne 118 pour son accueil et l’organisation de cette journée média du 02 octobre.
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