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Aviateurs et Marins en Polynésie française

Écrit le 28/09/20, dans La vie du Site

L’aviation tricolore à Tahiti

La Polynésie française, Pays d’Outre Mer, vient de temps à autre sous les feux de l’actualité métropolitaine, mais c’est rarement pour évoquer l’activité des trois armées stationnées sur son territoire. Les archipels qui composent ce POM occupent une surface plus grande que toute l’Europe, les quelque 120 îles et atolls englobant une zone économique exclusive de plus de cinq millions de kilomètres carrés.

Polynésie française : 5 millions de kilomètres carrés à surveiller …

Pourtant, avec la rapide montée en puissance de la Chine, l’intérêt stratégique de ce POM est en train de retrouver l’importance qu’il avait eu entre 1966 et 1996, à l’époque des essais nucléaires sur les atolls de Moruroa et Fangataufa. En effet, la Polynésie française est le pendant austral de l’archipel d’Hawaii, occupant une position stratégique évidente à une époque où la tension s’accroit régulièrement dans le Pacifique ouest.

L’emprise militaire sur l’aéroport de Faa’a, autrefois base aérienne 190, et la base navale de Papeete voient donc des activités aériennes qui ne sont pas intenses mais n’ont jamais cessé. L’avion et le bateau sont, avec le satellite, les seuls moyens pour exercer une surveillance effective de cet immense ‘meritoire’, et également pour exercer les activités régaliennes de l’Etat, qui incluent les secours d’urgence à ces citoyens français du Pacifique.

Vue sur les aéronefs de l’Aéronavale stationnés à Tahiti-Faa’a

Les principales unités stationnées à Tahiti peuvent d’ailleurs être considérées comme, symboliquement, polynésiennes tant leur présence fait partie du paysage de ces archipels : le Maine, escadron de transport 82 et ex-ETOM 82, est stationné à Faa’a depuis le 5 mars 1979. Quand à la flottille 25F, elle fut recréée 1er septembre 2000, par fusion de l’escadrille 12S de Tahiti et de l’escadrille 9S de La Tontouta. La 12S officiait en Polynésie depuis 1972, ses Neptune ayant été remplacés par les Gardian à compter de juillet 1984.

Le CN235 n°105 de l’ET 82, de retour d’une EVASAN

Les CN235-200 équipent le Maine depuis janvier 1996, les dernières Caravelle ayant été décommissionnées en 1995. Depuis le départ des Super Puma en septembre 2011, et celui du Fennec en 2012, l’ET 82 compte uniquement sur ses deux CASA pour réaliser l’ensemble des missions qui lui incombent. La population connait surtout les deux avions gris pour les fréquentes EVASAN qu’ils accomplissent. Le CN-235 peut en effet utiliser une trentaine de pistes de Polynésie.

Tradition polynésienne, les aviateurs du Maine baptisent leurs aéronefs, ici Kaveka, un oiseau marin

Les équipages de l’ET 82 sont également régulièrement impliqués dans les exercices des Forces Armées en Polynésie Française, cela va de soi. Les équipages du Maine entretiennent aussi une capacité opérationnelle de secours en mer, ses CASA ayant les caractéristiques voulues pour ce genre de mission. Les deux avions du Maine portent chacun un nom de baptême, c’est une tradition en Polynésie.

CN235 photographié au cours d’un exercice de sauvetage en mer

Du côté de l’aéronautique navale, la flottille 25F a le privilège d’utiliser les mêmes avions depuis sa recréation en Polynésie: il s’agit bien évidemment des Dassault Gardian, directement issus du développement des Falcon 20G de l’US Coast Guard. Ces biréacteurs parfaitement adaptés à la surveillance et au secours maritimes sont utilisés dans tout l’espace océanien : deux appareils et des équipages de la 25F sont détachés en Nouvelle-Calédonie, assurant aussi la surveillance de la ZEE de Wallis-et-Futuna.

Les Gardian de la 25F, en veille 24/7/365 pour sauver et surveiller

Cinq avions pour effectuer toutes les missions dans cet immense espace, cela paraît peu. Mais la surveillance des pêches est facilitée de nos jours par l’équipement en AIS (Automatic Identification System), obligatoire pour les flottes étrangères exploitant la zone économique polynésienne. La retraite des Gardian de la 25F approchant, la flottille sera rééquipée par les premiers Dassault Albatros du programme AVSIMAR, des Falcon 2000 de patrouille maritime, qui seront commandés à 7 exemplaires dans un premier temps.

Kea, un des deux Dauphin N3+ du détachement 35F de Polynésie

Derniers arrivés en Polynésie, les Dauphin N3+ du détachement de la 35F : ces hélicoptères sont une itération spécifique des Dauphin N3, avec un pilote automatique 4-axes et une motorisation puissante. Le secours en mer et les EVASAN font partie de leur panel de missions, qui comprend aussi la lutte contre les feux (équipement Bambi Bucket depuis 2016), le secours en montagne … L’arrivée des Dauphin polynésiens en 2011 a coïncidé à peu près avec le départ des Super Puma du Maine.

Une des deux dernières Alouette III à voler en Polynésie, filmée en avril 2020

Ce tour d’horizon s’achève avec un hélicoptère légendaire de la Marine, l’Alouette III :  des appareils et équipage de la 22S sont détachés en Polynésie en tant qu’aéronefs embarqués sur la frégate Prairial.

Vidéo d’une Alouette III de la 22S sur le site Rare Tahitian AIr/Port Views

La fin de carrière des Alouette Marine étant imminente, les voilures tournantes qui les remplaceront seront du type Dauphin N3, puisque la Marine Nationale a procédé à la location de 12 hélicoptères de ce type, qui sont modifiés spécifiquement pour ses besoins.

La météo en Polynésie pouvant être exécrable, les EVASAN peuvent devenir très difficiles

Au regard de l’évolution géostratégique actuelle, l’importance numérique de l’aviation militaire polynésienne est-elle appelée à croître dans un avenir prévisible ? La modernisation en cours des moyens de l’aéronautique navale pourrait suffire à couvrir les besoins en matière de surveillance et secours maritime. En revanche, avec deux appareils l’escadron de transport Maine semble être à l’étiage ; peut-on imaginer que le parc de l’ET 82 s’enrichisse d’un troisième CN-235 ?

Alexandre et escadrilles.org