Au cours du mois de mai, le dispositif aérien français a continué à assurer plus de 30 sorties par jour en moyenne, dont près de la moitié sont des missions de frappe au sol. Ces chiffres représentent environ 20% des sorties de l’OTAN et 30% des sorties d’attaques au sol.
De la semaine 24 à la semaine 27, le « contrat opérationnel » de la France a visiblement été de 110 sorties hebdomadaires d’attaques au sol (Rafale Air, Mirage 2000D et Mirage F-1CR, Rafale Marine et SEM). Mais le nombre total de sorties a été de 230 pour les semaines 24 (à compter du jeudi 28 avril) et 25 (à compter du 5 mai), contre 200 sorties pour les semaines 26 et 27, marquant une certaine décrue dans la seconde quinzaine du mois de mai.
Cette diminution a aussi été visible sur le nombre de sorties de reconnaissance effectuées par les Rafale et Mirage F-1CR au cours de ces 4 semaines (62, 56, 44, puis 40). Les sorties de défense aérienne menées depuis La Sude (Crête) par les 2000-5F et les 2000-5 du Qatar (21, 20, 17, 27) sont restées en nombre relativement stationnaire.
Par ailleurs, les forces françaises ont assuré 42 sorties de contrôle et de commandement, avec les Boeing E-3F et les Grumman E-2C Hawkeye et 27 sorties de ravitaillement menées par les C-135F et localement les nounous de la Marine. Ce nombre a sensiblement baissé au cours de ces 4 semaines (27, 29, 22, 21).
Ce total de plus de 900 mouvements d’avions s’est traduit sur le terrain par la destruction de 46 véhicules militaires, dont 5 chars, en diminution sur les quatre semaines, 12 pièces d’artilleries, et 70 bâtiments ou dépôts de munitions. Ces 128 cibles atteintes lors des missions d’attaque représentent un taux de 29% environ, ce qui est en nette augmentation par rapport au début des opérations.
Du 10 au 14 mai, le porte-avions Charles de Gaulle a fait relâche à La Sude pour ravitaillement et régénération.
Depuis son engagement dès la première semaine du conflit, le groupe aéronaval (TF 473) a fait preuve d’une persévérance remarquable dans ses opérations.
Pour pallier cette absence momentanée, l’Armée de l’Air a engagé des Mirage 2000 N depuis La Sude, le premier déploiement en opex d’avions de ce type depuis les opérations de Bosnie.
Pendant la semaine du 19 mai au 26 mai, les frappes des aéronefs français ont permis de neutraliser plusieurs navires, dont une frégate « Koni » et des patrouilleurs de type « Combattante » dans les ports de Tripoli et Syrte.
En fin de semaine, l’Armée de l’Air a opéré le retrait de trois Rafale et d’un Mirage F-1CR de Solenzara et le déploiement de deux Mirage 2000N supplémentaires à La Sude.
Du côté de la surface, les interventions de la frégate Courbet ont permis d’intercepter des raids d’embarcations menés par les forces du colonel Kadhafi en vue de miner l’entrée du port de Misratah. Des raids de plusieurs embarcations ont également été interceptés ou stoppés à coup de canon les 16 et 17 mai près des ports de Zreig et de Zlitan. Dans la nuit du 7 au 8 mai, la frégate a aussi ouvert le feu au canon de 100 mm sur une batterie de lance-roquettes sur la bande littorale au sud-est de Misratah pour faire cesser le bombardement sur les populations civiles. Une action similaire avait été conduite le 2 mai depuis la frégate français Montcalm au large de Brega.
En marge de cette communication officielle, on remarque que l’aviation kadhafiste semble toujours absente des débats, ce qui ne signifie pas qu’elle a été anéantie. Par contre les actions en mer, et sur terre, se poursuivent, ce qui ne démontre pas un déclin de la combativité des forces loyalistes. Les attaques plus fréquentes en dernière période sur les infrastructures militaires suggèrent que le CAOC 5 tente de saper la logistique des forces du gouvernement de Kadhafi, afin de précipiter une fin de conflit, qui ne paraît pas toute proche à première vue.
Le déploiement d’hélicoptères de combat français et britanniques contribuera à assainir la situation dans les enclaves des insurgés, mais ne semble pas proportionné à une véritable action définitive sur Tripoli. Il y a fort à parier que l’Armée de l’Air et la Marine doivent encore prolonger leurs efforts pendant au moins plusieurs semaines, aux côtés des forces alliées, afin que les acquis territoriaux récents de cette rébellion ne soit pas balayés par les forces de Kahdafi.
L’opération Harmattan est une occasion de mesurer les effets des réductions de format successives sur les capacités de nos forces aériennes à réussir une intervention d’intensité modérée mais d’une durée de plusieurs mois à un bon millier de kilomètres de la métropole.
Les 230 sorties hebdomadaires sur le théâtre, auxquelles s’ajoutent un nombre non connu de missions de logistiques (transport, …), peuvent-elles être soutenues encore 3 ou 6 mois, tout en assurant les autres missions des forces aériennes (défense aérienne du territoire, entraînement opérationnel, nombreuses autres opex, …) ?
Avant 3 mois, la mise au repos du Groupe Aérien Embarqué sera-t-elle une étape difficile si les forces aériennes françaises doivent maintenir leur contrat opérationnel vis-à-vis de l’OTAN ?
Remerciements: les informations sont tirées des points de situation officiels de l’EMA, à l’exception des commentaires en italiques et en bleu.
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