La baisse des commandes des Rafale laisse l’Armée de l’Air face à des problèmes cornéliens pour le maintien d’une force viable de jets de combat, en regard de ce qu’exigerait la mise en application du LBDSN. Rappelons que ce dernier estime qu’une force de 225 avions en parc est suffisante pour assurer la sécurité de la France et ses obligations vis-à-vis de ses partenaires et alliés. Soit 185 avions sur les registres de l’Armée de l’Air, ce qui correspond au mieux à 160 avions en ligne (soit évidemment 8 escadrons de 20 avions, y compris les deux unités FAS). Nous y sommes presque.
Sur les 5 années de la LPM 2015-2019, les commandes de Rafale de l’Armée de l’Air seront en gros affectées au rééquipement du 2/4 Lafayette. Les deux escadrons opérationnels sur Rafale non-nuc demeureront le 1/7 Provence et le 2/30 Normandie-Niemen, le « petit » 3/30 Lorraine ayant un statut particulier. Les autres escadrons de la Brigade Aérienne de Chasse sont donc équipés de Mirage 2000C, -5 et D ; nous reviendrons sur le 2000D ; et l’on sait que les mois du 2/33 sur F-1CR sont, hélas, comptés. Actuellement, le 1/2 Cigognes vole sur 2000-5F et le 2/5 Ile-de-France sur 2000 RDI.
Les 2000 RDI ont un certain degré de polyvalence, alors que le standard 5F est optimisé pour la défense aérienne (multicibles, fire and forget). Aujourd’hui et demain, pour la mission de défense aérienne du territoire, l’Armée de l’Air a besoin de conserver ses Mirage 2000 « bleus » opérationnels. Or, ce sont des 2000C du milieu de tableau qui ont été portés au standard -5F (un gros chantier), les derniers 2000C RDI construits ayant été versés aux deux escadrons de Cambrai, dissous en 2009 (2/12 Picardie) et 2012 (1/12 Cambrésis).
L’Armée de l’Air se trouve donc en possession d’une flotte composée de 2000 anciens (on a entendu le chiffre de 7000 heures de vol pour les cellules), mais au standard le plus récent, et de 2000 « encore jeunes » (on peut estimer que les cellules ont 3-5000 heures), mais au standard le plus ancien. Et pour tout simplifier, les 2000 RDI ne peuvent actuellement pas tirer les MICA, et on entend que les Magic 2 (que les mêmes 2000C peuvent tirer) auraient un problème de péremption d’ici à quelques années.
Avec plus de trente 2000-5F et plus de quarante 2000 RDI sur les registres, une certaine sagesse voudrait que l’on conserve un escadron sur chaque type au moins pour la durée de la prochaine LPM. En effet, le 1/2 pourrait continuer se consacrer à la DAT stricto sensu, alors que le 2/5 pourrait se consacrer aux missions variées (et en nombre croissant ?) qui sont chaque année réalisées par l’Armée de l’Air dans la zone d’influence française.
La prolongation des 2000-5F demandera peut-être le passage d’une cellule en essais de fatigue au CEAT, et celle des RDI passerait par la validation de l’emport d’un autre missile air-air que le Magic 2, ou la prolongation de ce dernier. Tout ceci ne paraît pas devoir coûter bien cher, et permettrait à la BAC de garder un peu d’air sous les quilles.
Mais ce ne sera peut-être pas la solution retenue : peut-être que les éléments énoncés ci-dessus ne sont pas valables, simplistes ou pas suffisants. Ou bien peut-être que la flotte de 2000 RDI ex-Cambraisiens, encore assez jeune, a suscité de l’intérêt à l’extérieur de nos frontières, qui sait ?
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