… Ce gros changement du côté des chasseurs entraîne une simplification de la maintenance à bord du Charles-de-Gaulle et un gain d’espace, pour ce qui est du stockage des rechanges et des machines spéciales qui permettent d’assurer l’entretien des avions.
Du côté des flottilles, ce seront les 11F et 12F qui assureront la force de frappe lors du prochain déploiement opérationnel en Méditerranée orientale, la 17F étant bien sûr en transformation sur son nouveau chasseur.
La dotation de la Marine en cette fin d’année 2016 doit avoisiner les 36 avions, puisque 46 avions ont été livrés, 4 ont été perdus et 5 sont en cours de rétrofit du standard F1 vers le F3.
Mais comme au moins 4 avions sont affectés au CEPA et à l’ETR de St-Dizier, les flottilles à bord pourront compter sur deux douzaines de Rafale, ou un peu plus.
En cette période de montée en puissance de la 17F, il faudra en effet conserver à Landivisiau plusieurs avions pour la transformation des nouveaux pilotes.
Du reste, au terme de la commande prévue (de 48 appareils au total), la dotation de la Marine n’atteindra au maximum que 44 avions, ce qui sera juste suffisant pour équiper les trois flottilles, à raison de 12 Rafale par unité opérationnelle.
Dans l’avenir (après 2017), le GAE pourra compter en permanence sur deux flottilles complètes de Rafale, la troisième flottille demeurant sur la terre ferme pour l’entraînement.
En opérations, la possibilité de lancer 24 Rafale ‘swing-role’ face à un adversaire donne à la Marine une puissance de frappe qu’elle n’a jamais eue.
Pour autant, tout va-t-il pour le mieux dans le monde de l’aéronavale embarquée tricolore ? Hélas, non. On peut avancer que l’Aéro de 2016 souffre des conséquences de décisions passées.
D’une part, le quatrième Hawkeye n’a pas été commandé au moment de la fin de chaîne des E-2C chez Grumman. Les calculs de boutiquiers de l’époque ont ainsi empêché la 4F de fonctionner ‘facilement’.
En effet, le Hawkeye est indispensable aux opérations du groupe aéronaval; deux appareils sont donc nécessaires à bord pour assurer 100% de disponibilité opérationnelle.
Vu que le troisième E-2C est souvent statistiquement en maintenance à terre et vu qu’il est nécessaire de régénérer la flottille en permanence (formation de nouveaux équipages), et bien le Hawkeye ‘4’ manque à la Marine.
L’autre boulet s’appelle ‘R92’, ou plutôt ‘absence de R92’. Depuis sa re-création après guerre, le groupe aéronaval avait toujours fonctionné avec deux porte-avions. Mais le Charles-de-Gaulle est seul de son espèce.
Au temps où la paix éternelle semblait offerte en prime après la fin de la Guerre Froide, les gouvernements ont toujours refusé de lancer son ‘sister-ship’. Trop cher, inutile, bla bla bla …
Maintenant qu’une crise durable s’est présentée et que d’autres nuages sont visibles à l’horizon, le groupe aéronaval n’est opérationnel qu’à temps partiel, car le R91 doit de temps à autre être entretenu, modernisé. Son équipage doit s’entraîner, et les nouveaux pilotes embarqués doivent apprendre à opérer depuis le PA.
Après les décisions britanniques sur la configuration des futurs porte-avions de la Navy, le (trop) beau mirage d’un groupe aéronaval conjoint s’est évanoui. Quant à un futur groupe européen … mieux vaut ne pas compter sur un tel hologramme.
En attendant, dans un Moyen-Orient au ciel compliqué, les marins du ciel seront heureux de disposer d’un coursier riche en pétrole, avec le Spectra comme back seater.
Pour l’heure, comptons sur le groupe aérien embarqué pour infliger de lourdes pertes à des ennemis terroristes islamistes qui chaque jour nous menacent sur notre sol.
Si l’année 2017 commence par une défaite de Daech à Mossoul, l’action du groupe aéronaval français n’y aura pas été étrangère, toutes générations d’avions confondues.
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