Un petit dépliant d’une précision rare permet de se faire une bonne idée de ce que représente l’Armée de l’Air de notre beau pays, en 2011. Ce document édité par le SIRPA AIr décline les activités présentes (en 2010), les équipements, le personnel et le budget 2011 de l’AA. Au verso, on trouve la prospective à court, moyen et long terme, de 2012 à 2030, avec évidemment le programme en cours de transferts d’unités, les fermetures, les création des bases aériennes de nouvelle génération, et les grands projets jusqu’en 2030.
Ce sont 59 000 personnes qui font vivre l’AA en 2011, dont 51 700 militaires et 7 300 civils, et le taux de féminisation est de 22%. Ce total représente seulement 20% du personnel de la Défense.
Un budget vraiment modeste permet de faire voler tous ces aéronefs et de surveiller le ciel: 4,59 milliards d’euros, soit 12,3% des crédits de la Défense. Mais ce total ne comprend pas l’acquisition des nouveaux matériels. On note que 2,87 milliards sont utilisés pour rétribuer le personnel et 1,10 milliards sont nécessaires au MCO des équipements (le budget fuel n’est que de 270 millions d’euros).
Entre les catastrophes naturelles, les missions militaires nationales et les participations à des missions sous mandat international, l’AA a été présente dans une bonne partie du monde en 2010, du Pakistan à la Nouvelle-Calédonie.
Ainsi au Kosovo, 10 aviateurs sont déployés au service de la KFOR (opération Trident depuis 1999). En Afghanistan, plus de 600 aviateurs sont déployés au titre de la mission Pamir au profit de l’ISAF, et ont également participé à Agapanthe (avec un C-135FR aux EAU et des aviateurs à bord du CdG). Bien sûr, en 2011 tout cela a été augmenté de la contribution à Harmattan.
Le document passe en revue la quasi-totalité de ce qui vole dans l’Armée de l’Air (il manque quand même les légers et les planeurs), à commencer par les batteries de missiles Crotale NG (12) et SAMP-T (6), et les fameux drones Harfang (4).
Parmi les 587 aéronefs répertoriés, on recense 80 hélicoptères, dont 41 Fennec, 9 Caracal et Cougar, et 30 Puma et Super Puma. La flotte de liaison compte 27 avions (A330, Falcon 7X, Falcon 900 et 50, TBM 700 et DHC-6), et les équipes de présentation mobilisent 12 Alphajet et 3 Extra 330.
L’entraînement « phase 3 » (de spécialisation) mobilise 65 Alphajet et 23 Xingu. Ce total ne doit logiquement pas inclure les 10 (?) Alphajet de l’ECT 2/2 « Côte d’Or ». On compte aussi 16 avions affectés aux expérimentations: 5 Rafale, 8 Mirage 2000, et 3 Alphajet (on suppose qu’il s’agit du CEAM, puisque le CEV appartient à la DGA).
L’aviation de transport, souvent décrite comme le talon d’Achille de l’AA en terme de flotte disponible, compte 5 avions long-courriers (A340 et A310), 62 avions tactiques (Transall et Hercules), et 20 cargo légers de type CN-235. Les multi-moteurs de support aux opérations se décomposent en 14 Stratotanker, 4 E-3F et 2 C-160G Gabriel.
Enfin, la flotte de « pointus » ne compte plus que 234 chasseurs-bombardiers, au nombre desquels 17 F-1CR et quelques F-1CT, environ 63 Mirage 2000D, seulement 26 2000N, et à peine 56 Mirage 2000 bleus des deux types, auxquels on ajoute neuf biplaces 2000B (6?) et F-1B (3?) de transformation opérationnelle. La flotte Rafale opérationnelle ne compte que 59 avions (1er sept 2011).
F-1CR avec son pod Presto et les équipements de contre-mesure, vu sur la BA 126 au début du mois de mai
Cette partie nous confirme ce que nous avions remarqué en 2011, à savoir le transfert des unités de la BA 112 vers Mont-de-Marsan, et celui des unités de Metz vers Evreux (EE 54 et support), Orange ( CIEH), Dijon (ETM 1/40), Bordeaux, Rennes et Lyon (autres unités non volantes). La base de Villacoublay reçoit trois unités dont la Musique de l’Air et l’EM du COFAS (en provenance de Taverny). Enfin, l’ET 3/62 Ventoux fait mouvement de la BA 118 vers la BA 110 de Creil.
Il faut une jolie carte de France pour expliquer la logique des bases de défenses qui comportent des « bases aériennes de nouvelle génération », lesquelles seront centrées sur « l’opérationnel ». (question: sur quoi étaient centrées alors les BA d’ancienne génération ?)
La modernisation et les grands projets sont prévus dans un contexte d’OTAN (300 aviateurs fin-2012) et d’Europe, avec par exemple en 2020, la formation des pilotes de chasse français au sein de l’Advanced Jet Pilot Training. La structure européenne de transport aérien militaire n’est pas mentionnée explicitement, mais on suppose que c’est faute de place.
Pour ce qui est des engins volants pilotés, les années à venir jusqu’à 2020 seront rythmées par l’entrée en service opérationnel des 4 escadrons d’A400M (2014, 2015, 2018), et la mise en service des MRTT tant désirés. La rénovation des Mirage 2000D est mentionnée pour l’horizon 2018.
Dans le cas du Rafale, le document indique la création du Raf 3 Normandie-Niémen en 2012, celle du Raf 4 Alsace vers 2016, les autres escadrons devant suivre à un horizon non défini (La Fayette, Cigognes, Ile de France). On observe que le Lorraine (basé à Al Dhafra) n’est pas mentionné en tant qu’escadron Rafale existant, un oubli sans doute.
On ne détaille pas ici les plans pour l’acquisition de nouvelles capacités satellitaires, drones et sol-air, en grande partie le fruit de coopérations européennes.
Commentaire du rédacteur: Au total, ce petit document donne une précieuse synthèse et permet d’entrevoir ce que sera l’Armée de l’Air à l’horizon 2020-2025. Que ceux qui aiment les avions soient rassurés, même si les 450 avions de combat sont un souvenir déjà distant, il y aura encore une aviation et des aviateurs dans le futur prévisible. A moins que le bon sens ait définitivement quitté les sphères dirigeantes, le gros des restructurations est derrière nous: les moyens existants et prévus permettent de faire face à une crise de gravité moyenne, en liaison avec nos alliés. Quant aux éventuels agresseurs plus puissants que la France, la dissuasion du faible au fort est un concept qui a été reconnu comme indispensable de part et d’autres de l’échiquier politique.
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