Alors que beaucoup de pays européens de l’OTAN possèdent des hélicoptères lourds dans leur panoplie, soit le CH-47 (Grande-Bretagne, Pays-Bas, Italie, Espagne, Grèce, Turquie), soit le CH-53 (Allemagne), la France n’en utilise pas.
Notre pays, précurseur des grandes opérations héliportées lors du conflit algérien, ne jugea pas bon d’incorporer ce moyen puissant dans sa doctrine d’opérations militaires, lorsqu’il fallut pérenniser, au milieu des années 60, l’expérience acquise avec les H-34 (Marine, Armée de l’Air) et les H-21 (Armée de Terre, Marine).
Alors que les conflits post-coloniaux étaient achevés, et que l’effort se portait sur théâtre européen avec la Guerre Froide, la France préféra miser sur le duo Transall-Puma pour assurer la mobilité voulue à ses forces terrestres.
Choix relativement justifié que ne partagea pas l’Allemagne, qui s’équipa du Sikorsky CH-53G construit sous licence, un hélico de la classe 19 tonnes à pleine charge, pouvant transporter 38 soldats à 160 km.
Il est intéressant de rappeler qu’au début du programme Super Frelon, l’Allemagne s’était associée à la France avec une promesse de commande de 300 appareils, tandis que la France en prévoyait 80 pour l’ALAT. La sortie française de l’OTAN changea tout cela. Le HeeresFlieger reçut 110 CH-53 à partir de 1973.
De son côté, le Royaume-Uni reçut ses premiers Chinook HC1 en 1980, tout en étant partenaire du programme Puma. Les Britanniques firent d’emblée la distinction entre l’emploi d’un hélico lourd et celui d’un hélico moyen. Choix bénéfique lors de la guerre des Malouines.
Chinook HC3 de la RAF, les Chinook britanniques sont progressivement amenés au standard HC6 équivalent au CH-47F
Est-ce que ce petit bégaiement de la coopération européenne mit un terme au souhait français d’inclure un ‘lourd’ dans son inventaire ? Ou bien les dépenses massives occasionnées par la création de la force de dissuasion furent-elles les vraies causes de l’anomalie actuelle ?
On doit aussi noter que l’inclusion d’un hélicoptère lourd dans les forces aériennes françaises aurait sûrement provoqué quelques courants d’air au moment du choix de l’utilisateur opérationnel: ALAT ou Armée de l’Air ?
Avec le CH-53E trimoteur (puis le CH-53K), on est entré dans la génération des super-lourds (33 tonnes pleine charge)
Du reste, est-on bien certain que cette question demeurée en suspens n’est pas actuellement un frein à l’acquisition ‘prochaine’ d’un hélicoptère lourd par la France, CH-47 ou CH-53 ?
Il demeure que l’emploi opérationnel du Caïman TTH, un hélico moyen, laisse entier le trou capacitaire ‘hélicoptère lourd’ dans nos opérations contre les GAT qui pullulent dans la BSS. Alors que le Transall va tirer sa révérence, la capacité moindre de l’A400 à opérer sur certains terrains sommaires devrait contribuer à donner une plus forte priorité à cette acquisition.
A moins que ‘compter sur son voisin’ ne soit devenu un nouveau principe de notre action extérieure !
Alexandre et escadrilles.org