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Quand le SCAF tousse …

Écrit le 14/02/21, dans Actualités Internationales

Est-ce que l’aéronautique européenne s’enrhume ?

Tandis que l’Allemagne et la France s’écharpent sur le SCAF, sur fond de coups tordus et de chauvinisme exacerbé, on fait mine de découvrir que les coopérations aéronautiques européennes n’ont jamais été de longs fleuves tranquilles. On pourrait aussi se rappeler qu’elles furent très rarement des succès à l’exportation.

L’avion du SCAF sera-t-il un genre de Tornado de nouvelle génération ? [une bien belle bête, ce Tornado]

Programmes aéronautiques en coopération européenne : des histoires compliquées rarement couronnées par un succès international.

NomNatureAnnée de lancement et 1er volPays partenairesCommande prévue au lancement (1)Nombre construitsNombre exportés (2)% 2/1
Transalltransport tactique1958 1963Fr De16621035 (3)17
Atlanticpatrouille maritime1959 1961Fr De NL608721 (2)35
Gazellehélico léger1967 1967Fr (GB)3441 775> 1000290
Pumahélico moyen1960 1965Fr (GB)172697505293
Lynxhélico multi1967 1971GB (Fr)186450260140
Jaguarcombat tactique1964 1968Fr GB (In)400625222 (4)55
Alphajetécole/attaque1969 1973Fr De350512161 (10)46
Tornadocombat tactique1968 1974GB De It745990120 (1)16
Eurofightercombat1987 1994GB De It Es765571 (661)199 (5)26
Merlinhélico mi-lourd1980 1987GB It8817077 (7)87
Tigrehélico combat1984 1991Fr De215 (120)1234638
NH90hélico moyen1985 1995Fr De It NL24342721789

Lorsque l’on examine le passé, 12 programmes de coopération depuis le Transall permettent de souligner plusieurs traits communs à ces aventures rarement paisibles:

– mis à part les programmes dhélicoptères issus de l’accord franco-britannique de 1967, Gazelle, Puma et Lynx, qui s’apparentaient plus à un échange de licence, aucun des aéronefs européens ne fut un grand succès à l’exportation (+ de 100% de l’engagement initial des partenaires réalisé en  exportation),

– pour les hélicoptères, le record de la mauvaise performance à l’exportation revient au Tigre, avec seulement 38% exporté par rapport au nombre d’appareils de l’engagement franco-allemand, même revu à la baisse (120 machines),

– malgré un démarrage difficile, le NH90 semble sur une pente prometteuse, les exportations atteignant 89% de l’engagement initial des pays partenaires.

Faire plus cher et moins bien que le concurrent établi depuis 20 ans ? C’est possible, France et Allemagne l’ont déjà prouvé !

– pour les jets de combat, aucun programme n’obtint un bon score à l’exportation, les Jaguar et Alphajet d’autrefois, des programmes binationaux, faisant quand même mieux que le Tornado (16% d’avions exportés par rapport à l’engagement initial de 745 appareils), ou l’Eurofighter, issu d’une coopération quadripartite, à la peine avec des exportations représentant seulement 26% de l’engagement initial de commande,

Le Jaguar dut (essentiellement) son modeste succès à l’exportation à la production sous licence de plus de 100 appareils, en Inde

– quant aux précurseurs, le Transall et l’Atlantic, s’ils furent des réussites techniques indiscutables, ils demeurèrent des exemples d’exportation confidentielle, confrontés il est vrai à des appareils américains bien établis dans leur créneau.

Pour revenir à notre introduction, on remarque aussi que la participation allemande à un programme européen ne constitue nullement un atout pour gagner des marchés à l’exportation, c’est même plutôt le contraire. La comparaison entre Eurofighter et Rafale constitue un jalon de réflexion indispensable : au final, le plus réussi et le moins cher des deux n’est pas celui qui est européen. Par contre, aucun ne se vend bien à l’export … pour quelles raisons au juste ? Plusieurs réponses …

Alors, pour le SCAF, construire un chasseur de nouvelle génération vendable à l’export, donc meilleur que son concurrent US, russe, anglais ou chinois, … ou faire du franco-allemand, c’est-à-dire du compliqué, donc du coûteux et pas exportable … that is the question !

Alexandre et escadrilles.org