Tandis que l’Allemagne et la France s’écharpent sur le SCAF, sur fond de coups tordus et de chauvinisme exacerbé, on fait mine de découvrir que les coopérations aéronautiques européennes n’ont jamais été de longs fleuves tranquilles. On pourrait aussi se rappeler qu’elles furent très rarement des succès à l’exportation.
Nom | Nature | Année de lancement et 1er vol | Pays partenaires | Commande prévue au lancement (1) | Nombre construits | Nombre exportés (2) | % 2/1 |
Transall | transport tactique | 1958 1963 | Fr De | 166 | 210 | 35 (3) | 17 |
Atlantic | patrouille maritime | 1959 1961 | Fr De NL | 60 | 87 | 21 (2) | 35 |
Gazelle | hélico léger | 1967 1967 | Fr (GB) | 344 | 1 775 | > 1000 | 290 |
Puma | hélico moyen | 1960 1965 | Fr (GB) | 172 | 697 | 505 | 293 |
Lynx | hélico multi | 1967 1971 | GB (Fr) | 186 | 450 | 260 | 140 |
Jaguar | combat tactique | 1964 1968 | Fr GB (In) | 400 | 625 | 222 (4) | 55 |
Alphajet | école/attaque | 1969 1973 | Fr De | 350 | 512 | 161 (10) | 46 |
Tornado | combat tactique | 1968 1974 | GB De It | 745 | 990 | 120 (1) | 16 |
Eurofighter | combat | 1987 1994 | GB De It Es | 765 | 571 (661) | 199 (5) | 26 |
Merlin | hélico mi-lourd | 1980 1987 | GB It | 88 | 170 | 77 (7) | 87 |
Tigre | hélico combat | 1984 1991 | Fr De | 215 (120) | 123 | 46 | 38 |
NH90 | hélico moyen | 1985 1995 | Fr De It NL | 243 | 427 | 217 | 89 |
Lorsque l’on examine le passé, 12 programmes de coopération depuis le Transall permettent de souligner plusieurs traits communs à ces aventures rarement paisibles:
– mis à part les programmes dhélicoptères issus de l’accord franco-britannique de 1967, Gazelle, Puma et Lynx, qui s’apparentaient plus à un échange de licence, aucun des aéronefs européens ne fut un grand succès à l’exportation (+ de 100% de l’engagement initial des partenaires réalisé en exportation),
– pour les hélicoptères, le record de la mauvaise performance à l’exportation revient au Tigre, avec seulement 38% exporté par rapport au nombre d’appareils de l’engagement franco-allemand, même revu à la baisse (120 machines),
– malgré un démarrage difficile, le NH90 semble sur une pente prometteuse, les exportations atteignant 89% de l’engagement initial des pays partenaires.
– pour les jets de combat, aucun programme n’obtint un bon score à l’exportation, les Jaguar et Alphajet d’autrefois, des programmes binationaux, faisant quand même mieux que le Tornado (16% d’avions exportés par rapport à l’engagement initial de 745 appareils), ou l’Eurofighter, issu d’une coopération quadripartite, à la peine avec des exportations représentant seulement 26% de l’engagement initial de commande,
– quant aux précurseurs, le Transall et l’Atlantic, s’ils furent des réussites techniques indiscutables, ils demeurèrent des exemples d’exportation confidentielle, confrontés il est vrai à des appareils américains bien établis dans leur créneau.
Pour revenir à notre introduction, on remarque aussi que la participation allemande à un programme européen ne constitue nullement un atout pour gagner des marchés à l’exportation, c’est même plutôt le contraire. La comparaison entre Eurofighter et Rafale constitue un jalon de réflexion indispensable : au final, le plus réussi et le moins cher des deux n’est pas celui qui est européen. Par contre, aucun ne se vend bien à l’export … pour quelles raisons au juste ? Plusieurs réponses …
Alors, pour le SCAF, construire un chasseur de nouvelle génération vendable à l’export, donc meilleur que son concurrent US, russe, anglais ou chinois, … ou faire du franco-allemand, c’est-à-dire du compliqué, donc du coûteux et pas exportable … that is the question !
Alexandre et escadrilles.org