Après le clap de fin des SEM au sein de la 17F en juillet 2016, la BAN de Landivisiau révèle son nouveau potentiel tout Rafale en cette année 2018.
Les trois flottilles (11F Hippocampe ailé, 12F Canard fusiller marin et 17F Balbuzard armé d’une flèche) sont pleinement opérationnelles et le Rafale Marine devient l’unique chasseur au sein du Groupe Aérien embarqué (GAé).
A compter de la fin-2018, l’Aéronavale dispose en effet de son effectif complet de Rafale, avec 42 avions, le n°46 étant en cours d’admission au service.
Malgré l’entretien majeur du Charles-de-Gaulle, 2018 a en effet vu la montée en puissance du GAé avec la participation de près de 350 marins à l’exercice Chesapeake aux Etats-Unis du 3 avril au 27 mai dernier.
Cet exercice a nécessité de nombreux entrainements ASSP (Appontage Simulé Sur Piste) aussi bien à Landi (de jour et de nuit), que sur la NAS (Naval Air Station) d’Oceana. En effet, la phase sol aux USA de cet exercice, a précédé la phase embarquée à bord du porte-avions CVN 77 USS George H.W. BUSH.
Trois Rafale et six F-18 américains, sur le pont d’envol du porte-avions USS George H.W. Bush, au large de Norfolk, le 10 mai 2018 (Photo ©Florent Le Bihan/Marine Nationale/Défense)
Pour une aéronautique navale autre que française, l’exercice Chesapeake aurait tout bonnement été impossible: en premier lieu, les relations de confiance entre l’US Navy et la Marine Nationale sont d’un niveau exceptionnel, depuis longtemps.
Un Rafale, armé de deux bombes à guidée laser, aux côtés d’un F18 américain sur le pont d’envol du porte-avions USS George H.W. Bush, au large de Norfolk, le 14 mai 2018 (Photo ©Florent Le Bihan/Marine Nationale/Défense)
En second lieu (sans vouloir faire de peine aux aviations embarquées d’Amérique Latine), les Français et les Américains sont les seuls à utiliser opérationnellement des porte-avions CATOBAR.
Un Rafale sur le pont d’envol du porte-avions USS George H.W. Bush, au large de Norfolk, le 10 mai 2018 (Photo ©Florent Le Bihan/Marine Nationale/Défense)
En troisième lieu, depuis plusieurs décennies des cross-decks ont régulièrement lieu à bord des porte-avions US et du CDG. Un exercice précurseur, JTFEX, avait été organisé en 2008.
Un Rafale est catapulté depuis le porte-avions USS George H.W. Bush, au large de Norfolk, le 16 mai 2018 (Photo ©Florent Le Bihan/Marine Nationale/Défense)
En quatrième lieu, depuis le début de la crise actuelle au Moyen-Orient, il y a une inter-opérabilité complète entre les éléments des groupes aéronavals. A telle enseigne qu’il est arrivé au GAé français de prendre le ‘plot’ d’alerte dans le golfe arabo-persique, en attendant la relève par un porte-avions US.
Aussi, Chesapeake arriva à pic pour suppléer l’indisponibilité, planifiée de longue date, du R91.
Chesapeake n’empêcha pas la 11F de participer pleinement au NTM 2018 sur la base aérienne de Poznan Krzesiny en Pologne (un détachement mémorable selon les participants …).
Le RFM n°44 arborait une dérive tigro-gauloise inspirée des aventures d’Astérix, déco-spé qu’il porte toujours actuellement, signe de la résilience des peintures gauloises ‘made in Armorique’.
La BAN a également fêté comme il se doit les 70 ans de la 12F en juillet dernier : le RFM n°5 arborait un fier Canard fusiller marin que les spectateurs du RIAT 2018 ont pu découvrir sur la base RAF Fairford. Mais l’avion a depuis perdu ces couleurs éphémères.
C’est donc un repère de Rafale qu’abrite désormais la BAN de Landivisau, sans oublier cependant les indispensables Falcon 10 de l’Escadrille 57S qui permettent le rafraîchissement VSV des pilotes de l’Aéro.
A l’heure actuelle, le tempo des flottilles de Landivisiau est comme toujours bien rythmé: les dernières semaines ont vu des ASSP se dérouler sur la base aérienne 125, qui dispose d’installations complètes à cet effet.
De plus, le Charles-de-Gaulle termine ses essais à la mer après un entretien majeur qui tient beaucoup d’un ‘mid-life-update’.
Les espaces nécessaires à la mise en oeuvre du valeureux SEM ayant été valorisés pour les autres aéronefs (RFM, Hawkeye, Dauphin, Alouette, Caïman) du GAé.
Les essais avia devraient se tenir d’ici peu, avec entre autres de nouveaux équipements d’aide à l’appontage, laissant espérer une première croisière opérationnelle pour … bientôt.
Les missions Arromanches conduites avec le GAé d’avant 2017 avaient déjà puissamment impacté l’opération Chammal.
Gageons qu’avec une composante Rafale pouvant atteindre (voire dépasser) 24 avions, le GAN nouveau sera extrêmement ‘punchy’ si le besoin s’en fait sentir.
Les éternels détracteurs de l’aviation navale embarquée, il y en a, auront bien du mal à ressasser leur opposition à cette composante de l’Aéro: plusieurs nations, et non des moindres, s’apprêtent à (re)mettre à flot des groupes embarqués ultra-modernes.
Mais en matière d’aviation embarquée comme en matière de musique … un bel instrument ne suffit pas pour bien jouer le concerto !
Copyright: Philippe (photos et texte), Alexandre (texte), et escadrilles.org.
Remerciements: un grand merci au Pacha de la 11F, à mon vieil ami Tex, ainsi qu’au chef de piste et pistards de la 11F pour leur collaboration bienveillante.
Merci au SIRPA Marine, pour la mise à disposition de clichés de Chesapeake 2018.