Le groupe aéronaval a quitté Toulon, son port base, le 18 novembre 2015 pour un déploiement planifié depuis plusieurs mois. Constitué autour du porte-avions R91 Charles de Gaulle, le GAN a pris le nom de Task Force 473.
Si le GAN est constitué autour du Charles de Gaulle, le groupe aéronaval est beaucoup plus que le porte-avions
Cette nouvelle mission du GAN est baptisée Arromanches 2. Après un premier déploiement en début d’année 2015, c’est le second à prendre le nom de cette petite ville du Calvados, mais aussi du port artificiel américain établi en Normandie en 1944, et également du porte-avions français R95 obtenu de la Royal Navy en 1946, et désarmé en 1974.
Une frégate anti-sous-marine est indispensable à la protection du PA contre les intrusions des submersibles (ici le Montcalm en 2009)
Ce déploiement visait à assurer une mission de présence opérationnelle dans le nord de l’océan Indien et la région du golfe Arabo-Persique. Mais les attaques de Daech sur l’Ile-de-France ont motivé la présence prolongée du GAN en Méditerranée orientale (zone Levantine).
De même, la frégate anti-aérienne (ici le Jean Bart en 2009) fait partie des navires indispensables au GAN en opérations
La mission Arromanches 2 comprend aussi plusieurs exercices de durée variable avec les partenaires stratégiques de la France (Égypte) et avec les pays engagés dans une coopération de défense bilatérale (Émirats Arabes-Unis, Qatar).
Ravitaillement en vivres, carburants, consommables … tout cela transite par un pétrolier-ravitailleur, comme la Marne
Arromanches 2, comme Arromanches 1, matérialise de manière très visible l’interopérabilité de la Marine nationale et des marines alliées: dans le cadre de la forte coopération avec les Etats-Unis, le commandement de la Task Force 50, dans le golfe arabo-persique, sera ainsi confié au Charles de Gaulle durant plusieurs semaines. En lieu et place du PA américain Harry Truman.
Si on ne le voit pas et qu’on ne l’entend pas … c’est qu’il est en dessous: un sous-marin nucléaire d’attaque de la classe Rubis (ici en 2009)
Cette interopérabilité voit aussi l’intégration de bâtiments d’autres nationalités au sein du GAN, notamment une frégate britannique et une frégate belge. Ces possibilités résultent de multiples exercices conduits depuis des années au sein de l’OTAN.
La riposte militaire française à l’armée terroriste a pris de l’ampleur depuis deux semaines, grâce au potentiel accru offert par le Groupe Aérien Embarqué. Celui-ci est composé de 18 Rafale, huit Super Etendard Modernisés, deux Hawkeye, deux Dauphin, une Alouette III, et deux Puma ResCo de l’Armée de l’Air.
Ainsi, du 23 novembre au 2 décembre, 59 missions sont à mettre à l’actif du GAE: des missions d’appui (CAS) ou d’interdiction (AI), mais également des missions de reconnaissance (ISR). Le vendredi 4 décembre, le Président de la République a rendu hommage à l’action du GAN au Levant.
De tous temps, le GAN a constitué un important dispositif permettant la lutte contre les menaces qui pèsent sur nos intérêts. Permettant de s’affranchir d’implantations terrestres pour mener des actions, il procure un avantage militaire et politique dans des zones couvrant notamment la Méditerranée orientale, les façades maritimes de la Corne de l’Afrique et du Moyen-Orient.
Au vu de tous les atouts procurés par un groupe aéronaval, on est amené à se demander pourquoi le second porte-avions, le PA2 prévu par la LPM 2003-2008, a été ‘oublié’ par les gouvernements successifs. En effet avec un seul porte-avions, la disponibilité du GAN ne peut être permanente … et les atouts qu’il procure non plus.
A la pointe de l’action, pour son dernier tour d’opérations. Il a connu trois porte-avions … et aurait bien aimé en connaître un quatrième
Est-ce que nos politiques, grisés par le vent de la ‘fin de l’Histoire’, auraient négligé d’investir dans la sûreté de la nation ? A l’image d’actionnaires avides qui réclament des dividendes trop importants à une entreprise et menacent ainsi son développement futur ?
Ou bien ont-ils cru pouvoir se reposer sur des pays alliés pour assurer notre sécurité, dans la foulée de l’intégration à l’OTAN ? Mais dépendre de puissants pays alliés implique aussi de coller à leur stratégie …
Alexandre et escadrilles.org
Remerciements: les infographies ont été extraites du dossier de presse Arromanches 2 diffusé par l’Etat-Major des Armées.