Le Pentagone vient juste de placer des contrats de 7 milliards de dollars pour une commande de 71 F-35, ces avions sont destinés aux trois forces aériennes US, ainsi qu’à la Norvège, à l’Italie, à l’Australie et à Grande-Bretagne. Sur le dernier des lots commandés (la tranche LRIP 7), le coût d’acquisition unitaire des avions F-35A s’établirait à 98 millions (selon le Pentagone). Cependant, ce prix ne comprend pas le prix des réacteurs, lesquels sont achetés séparément à Pratt and Whitney (on peut compter probablement 20 à 30 millions pour chaque réacteur).
D’après le Pentagone, le prix des F-35B est actuellement de 104 millions et celui des F-35C (plus lourd) à 116 millions. Notons que Wikipedia mentionne des coûts d’acquisition fly away (hors maintenance) beaucoup plus élevés.
La tranche LRIP 6 inclut 2 F-35A pour l’Australie et 2 pour l’Italie, tandis que la tranche 7 porte sur 31 avions, avec la ventilation suivante : 19 F-35A pour l’USAF, 6 F-35B pour l’USMC, 4 F-35C pour la Navy, 2 F-35A pour la Norvège et 3 pour l’Italie, et un F-35B pour le Royaume-Uni.
Ces annonces donnent l’occasion de faire un point sur ce programme.
Les industriels US et britanniques parviennent peu à peu à régler les problèmes techniques inhérents à cet avion révolutionnaire, la mise en service opérationnel de la version F-35A se profile à l’horizon.
Les choses sont plus compliquées pour le F-35B, à décollage court et atterrissage vertical, et des problèmes sérieux sont toujours présents sur le F-35C (crosse d’appontage, …).
Il ne fait plus aucun doute que toute la puissance de persuasion américaine transformera le Lightning 2 en un succès à l’exportation : dès le début du programme plusieurs pays européens avaient cédé aux sirènes de Lockheed Martin et de Washnington, l’argument de pouvoir « entrer en premier », et celui d’être associé au programme industriel, emportant tout sur leur passage. Un quarteron d’alliés de premier rang des Etats-Unis les ont vite rejoint dans le club des futurs utilisateurs.
Néanmoins, plusieurs rapports font état d’une furtivité toute relative (elle serait bien moindre que celle du F-22), et les autres performances du F-35 ne font pas rêver : le rayon d’action de combat voisin de 1000 km (sur pétrole interne), la charge militaire, la manoeuvrabilité, l’accélération et la vitesse, tous ces paramètres sont inférieurs à ceux proposés par les avions de la génération précédente (F-16, F-18) ou au Rafale (voir le tableau des caractéristiques comparées).
Et si c’est pour emporter des charges (fuel ou armes) extérieures, alors la conception furtive ne sert plus à rien. Finalement, c’est un pari osé que d’avoir choisi un tel chasseur-bombardier lorsque les ressources budgétaires sont si rares, surtout pour les pays qui miseront tout sur ce poulain, et qui ne bénéficient pas d’une logistique à l’américaine.
En effet, si les aléas de développement et de prix ont déjà fait couler beaucoup d’encre, il se pourrait bien que les coûts de maintenance dépassent également de loin les prévisions, surtout pour le F-35B, une véritable usine à gaz.
Dans le passé, les USA ont régulièrement étonné le monde en construisant des avions hors du commun (le Lockheed SR-71, par ex .). Il faut bien avouer que lors de son apparition, un chasseur comme le F-16 avait une longueur d’avance sur ses concurrents. Mais parfois, les firmes américaines ont conçu et vendu des avions aux performances opérationnelles discutables (qui furent pourtant exportés en grand nombre en Europe et ailleurs), comme le F-104 Starfighter, un autre Lockheed.
Alors, le F-35, … nouvel F-16 ou nouveau Starfighter ?
Acknowledgements: all pictures accessed through Lockheed-Martin official website.
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