Alors que le Rafale est le meilleur chasseur de sa catégorie, un peu plus d’une centaine d’avions équipent aujourd’hui les unités de la Marine (premières servies dès 2001) et celles de l’Armée de l’Air. Maintenant que des ventes à l’exportation se profilent à l’horizon, il est temps de faire un petit bilan des avions en service en France.
Initialement, la cible du programme Rafale a été fixée à 286 appareils (228 pour l’armée de l’air, dont 118 Rafale C et 110 Rafale B, et 58 pour la marine), avec leurs équipements de mission et leur stock de rechange initial. Le coût total prévu du programme est de 44 milliards d’euros (cours de 2011).
Avec la quatrième tranche notifiée en 2009, 180 avions ont été commandés à ce jour à l’industriel. A la fin-2012, 115 avions ont été livrés, soit 38 B, 40 C et 37 M.
Pour ce qui est des Rafale B, les livraisons prévues sont de 4 avions en 2013 et 8 en 2014. On aura un total de 50 avions livrés fin-2014. Il resterait 60 appareils à commander et livrer sur des tranches futures.
Pour ce qui est des Rafale C, il y a 5 avions à livrer en 2013 et un seul en 2014, ce qui fait un total de 46 avions livrés fin-2014. Pour arriver au terme prévu du programme, il faudrait commander 72 monoplaces à partir de 2015.
En fin pour ce qui est des Rafale Marine, il y a 2 avions à livrer en 2013 et 2 en 2014, soit un total de 41 avions livrés fin-2014. Il resterait donc 17 Rafale M à commander et livrer sur les futures tranches.
La flotte de l’Armée de l’Air compte 78 Rafale livrés fin-2012. Il y a 75 avions disponibles pour les forces, car le B 316 a été détruit dans un accident aérien en 2007, et d’autre part, deux avions (un B et un C) sont affectés au CEV.
L’escadron de chasse 1/7 Provence utilise environ 20 avions pour des missions de chasse, avec un parc composé environ pour moitié de B et de C.
L’EB 1/91 Gascogne, également basé à St-Dizier, utilise une flotte d’environ 20 biplaces pour ses missions de bombardement.
L’escadron de transformation Rafale 2/92 Aquitaine utilise environ 6 avions, avec une majorité de Rafale B, un C, et un ou deux Rafale M détachés à St Dizier, puisque l’ETR transforme les pilotes des deux armes.
L’escadron de chasse (3/30) Lorraine basé à Al Dhafra aux Emirats Arabes Unis n’est doté que d’environ 6 avions de type B et C.
L’escadron de chasse 2/30 Normandie-Niémen est doté d’environ 20 Rafale C, une de ses missions prioritaires étant la reconnaissance.
Enfin, également à Mont-de-Marsan, l’ECE 5/330 Côte d’Argent compte environ 6 Rafale des deux types.
Si l’on fait la somme des dotations supposées de ces six escadrons, on arrive à approximativement 72 avions, ce qui suggère qu’il y a fort peu de Rafale stockés comme volant d’attrition, peut-être seulement trois.
En principe, les 18 prochains Rafale à livrer en 2013 et 2014 (12B et 6 C) peuvent être attribués à un escadron « Alsace » renaissant, comme il est prévu, à Mont-de-Marsan. Faut-il voir la prééminence des biplaces comme une relation avec la mission prioritaire de ce futur escadron ?
Il n’est pas habituel que l’Armée de l’Air s’équipe d’avions de combat sans constituer très rapidement un parc de réserve significatif, stocké à Chateaudun. A cet égard la situation semble rester tendue, avec seulement 96 avions qui seront livrés d’ici fin-2014, et une diminution probable du rythme des commandes. Ce total est équivalent à moins de 5 escadrons avec la dotation théorique de 20 avions par unité.
En ce qui concerne la Marine, malgré 37 Rafale livrés à la fin-2012, il n’y en aurait que 22 disponibles au maximum: 4 ont en effet été détruits lors d’accidents aériens, 10 Rafale F1 sont en chantier de mise à niveau, et au moins 1 est affecté à l’ETR 2/92 (plus 1 au CEAM ?).
Avec 37 avions inscrits sur les registres fin-2014, mais les F1 en chantier, la Marine peut au mieux dans un premier temps renforcer les deux flottilles existantes, la 11F et la 12F, les Rafale « F3A » pouvant servir à équiper la 17F au fur et à mesure de leur sortie de chantier, entre 2014 et 2017. A court terme, on pourrait s’acheminer vers un format de flottille avec une douzaine d’avions.
En effet, les livraisons de Rafale se sont faites au compte-gouttes (sur la quatrième tranche, 11 avions Rafale de tous types ont été livrés chaque année), mais à un rythme qui va au-delà de ce qu’avait prévu le Ministère de la Défense. Le nombre de 11 avions annuels était un seuil fixé par l’industriel pour la viabilité de sa chaîne de fabrication (un par mois ouvrable ?); en l’absence de commandes à l’exportation, ces 11 avions ont donc été commandés pour l’Armée de l’Air et la Marine.
Si le budget de la Défense reste à son niveau (1,5% du PNB), il est douteux qu’un même rythme annuel puisse être conservé après 2015, car des crédits substantiels seront réservés dès 2014 pour l’achat des A400M et des MRTT (forces Air). On est bien loin de pouvoir équiper l’Armée de l’Air à un rythme approchant celui qu’on a connu pour les Mirage III et IV, et les Jaguar. Mais à cette époque l’effort budgétaire attribué à la défense était de 3% du PNB, voire plus.
C’est pour cette raison qu’il y a un lien objectif entre les exportations du Rafale et le rythme d’acquisition de cet avion pour les forces nationales. En particulier, l’exportation de 18 avions vers l’Inde (aujourd’hui, plus que probable) arrivera à point nommé pour permettre le ralentissement des acquisitions nationales souahité par les autorités françaises. La fabrication des sous-ensembles pour 126 avions permettra d’apporter un peu d’air aux industriels pour financer les études du prochain standard du Rafale, celui qui sera acquis en France dans quelques années.
Copyright: Alexandre et escadrilles.org, tous droits réservés.
Remerciements: à Michel, pour ses belles photos.