Vu le contexte, il pourrait s’agir d’une « manipulations des services », mais le rapport d’expertise de la Troupe d’Aviation Suisse a été authentifié par des grands quotidiens helvétiques. Vu que le Rafale a été tellement décrié « pour son coût » et que son constructeur est régulièrement raillé dans certains journaux, il est bon de reprendre les meilleurs extraits de ce rapport. On ne peut probablement pas suspecter les militaires suisses de parti-pris. Les résultats de l’évaluation sont absolument clairs, pour l’air/air et l’air/sol.
Compte-rendu de la synthèse du rapport
Le rapport porte sur l’évaluation en vol en des systèmes existants (Gripen C/D, Rafale F-3, Eurofighter T-3) en 2008 et sur une estimation des performances des systèmes tels qu’ils devraient être livrés en 2015 (étude réalisée en 2009). Le rapport est signé par l’officier en charge de l’évaluation et contresigné par le commandant de la Troupe d’Aviation Suisse (novembre 2009).
Les tâches globalement évaluées ont été la mission de police de l’air, la mission de défense aérienne (defensive counter air), la mission d’escorte offensive (offensive counter air), la mission d’attaque au sol (strike) et la mission de reconnaissance.
Les configurations proposées à terme nécessitent 98 modifications pour le Gripen (du C/D au E/F), 18 modifications pour le Rafale, et 25 pour le Typhoon (surtout pour améliorer les fonctions air/sol). Les trois avions sont proposés avec un radar à balayage électronique actif et une optronique frontale.
A l’issue de l’évaluation (test en vol et améliorations proposées), le Rafale a été déclaré comme le meilleur des trois compétiteurs, dans les cinq catégories de missions. L’Eurofighter a été déclaré comme la meilleure alternative, bien que n’étant capable de remplir les spécifications minimales que pour les missions air/air. Le Gripen a été déclaré incapable de remplir les missions opérationnelles spécifiées avec une performance minimale.
Le Rafale a été recommandé comme le meilleur candidat pour le programme NFA de la Force Aérienne Suisse, car il est le plus capable de remplir l’ensemble des missions et qu’il a le potentiel de rester efficace pendant les 40 prochaines années. Le seul reproche fait au Rafale a été l’absence de viseur de casque, et le compte-rendu est particulièrement flatteur pour l’intégration des systèmes de capteurs et de contre-mesures, et leur efficacité. L’autonomie et la fiabilité des systèmes ont été cités comme des points faibles du Typhoon, avec ses limitations pour les missions air-sol. Le Gripen se voit reprocher en général son manque de performances, étant inférieur au F-18C/D dans certains domaines.
On entendait souvent que le Rafale était le meilleur de ces avions, mais les assertions n’étaient pas souvent étayées, ou bien pouvaient être subjectives. Quel que soit l’épilogue du feuilleton suisse, ce rapport est important: on est maintenant sûr que le Rafale est le meilleur chasseur polyvalent actuellement sur le marché, à l’Ouest. Notre modestie française naturelle dût-elle en souffrir !
Rappel: selon Sonntag Zeigtung, cité par Rafale News, la firme française aurait fait une nouvelle proposition à la Suisse: 18 avions pour 2,7 milliards de FS, qui serait inférieure à la proposition de SAAB (3,1 milliards de FS pour 22 avions).
Cela positionne le biréacteur multirôle français, évalué comme largement supérieur au Gripen NG par les Helvètes eux-mêmes, à peine 6% plus cher que le monoréacteur suédois (qui n’existe qu’à l’état de démonstrateur, rappelons-le).